Pair-aidante en santé sexuelle, formatrice, conférencière, Laetitia Rebord est également coach, engagée dans l’empowerment des personnes en situation de handicap. Elle organise des groupes d’expression afin de permettre aux personnes handicapées d’avancer sur les questions de vie intime et de sexualité. Pour les professionnels accompagnants, soignants, à domicile ou en institution, elle propose des formations notamment dans le but de déconstruire ses préjugés pour mieux accompagner dans le domaine de la vie affective et sexuelle.
En quoi votre démarche est innovante ?
L'innovation réside dans les deux casquettes que je porte, à la fois professionnelle en santé sexuelle et personne directement concernée par l'handicap. J'apporte tous mes savoirs expérientiels au service de l'autodétermination des personnes en situation de handicap.
Mes expériences m’ont permis de mesurer l’importance de développer une approche globale centrée sur l’écoute et l’expression. Inspirée par l’approche dite de « réduction des risques », la prévention et l’éducation consistent à favoriser l’accès à l’information et son appropriation.
Elle ne peut se faire qu’à condition que soient mis en place des espaces de parole pour que ces messages résonnent de façon singulière pour chacune au regard de son vécu. J’interviens donc comme pair-aidante, animatrice de groupes d’expression, coach vers l’empowerment et formatrice auprès de mes pairs, d’associations, d’institutions, d’établissements de santé ou d’organismes de formation.
Pourquoi avez- vous choisi d’entreprendre dans le domaine de la SexTech ?
Le premier des soulagements quand on souffre de misère affective et sexuelle et d’accès limité ou inexistant au plaisir du corps, c’est de pouvoir libérer la parole, de pouvoir affirmer son identité en tant qu’être sexué, de pouvoir revendiquer son droit et sa liberté à parvenir à une vie affective et sexuelle.
Les professionnelles doivent aujourd’hui écouter davantage les besoins et ne plus les nier. J’aimerais être porte-parole pour tous ceux et celles qui ne peuvent s’exprimer, à qui l’on n’a pas laissé la possibilité de parler ouvertement, que ce soit en milieu institutionnel ou au sein des familles souvent récalcitrantes et limitantes, sous prétexte de protection et par peur liée au sentiment de vulnérabilité.
Les suppositions générales de fragilité incitent trop souvent à rejeter la santé sexuelle des personnes en situation de handicap.
Le meilleur moyen de contrer toute vulnérabilité est d’informer et d’autonomiser.
Les personnes en situation de handicap, particulièrement en institution, ont très peu accès à l’éducation sexuelle. C’est cela qui les rend vulnérables.
J’aimerais pouvoir développer l’autodétermination, le pouvoir d’agir et de choisir, notamment dans le champ de la vie affective et sexuelle. Je souhaite inverser cette dévalorisation si fréquente et si destructrice chez les personnes en situation de handicap. Trouver ensemble des moyens de renforcer la confiance en soi est un outil qui m’apparaît indispensable pour contribuer à une bonne santé émotionnelle et sexuelle. J’aimerais contribuer à ce que mes pair.e.s réalisent leur potentiel de séduction, en renforçant l’estime d’eux/elles-mêmes, souvent injustement diminuée par une société validiste.
Je pense vraiment que la parole des personnes en situation de handicap doit être davantage écoutée pour former l’ensemble des professionnel.le.s qui agissent dans le champ du handicap.
Pourquoi selon vous est-ce important que ce secteur se développe en France ?
Voyant aussi autour de moi la solitude et le désespoir de nombre de mes pairs, j’ai envie de partager mon expérience et de prouver que la vie en couple même avec handicap considéré comme lourd dans la dépendance, est possible. J’ai envie d’exprimer et de faire comprendre que le handicap n’est qu’une particularité, auprès des personnes concernées, des parents et proches mais également des professionnel.le.s de la santé et de l’accompagnement.
3 mots pour définir la SexTech ?
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